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Le passage de l’ordre de l’enfance à l’ordre adulte ébranle le sentiment de continuité et d’intégrité du sujet. Le jeune ne peut plus se reposer en priorité sur ses parents. Il doit intégrer en même temps une autre image de lui-même, l’image sexuée d’un corps devenu physiquement et génétiquement mature.

La difficulté psychologique à l’adolescence constitue une urgence potentielle, il s’agit en effet de se situer entre deux positions extrêmes : « c’est la crise elle passera » ou « il est fou, il est malade. » Le retard dans les acquisitions cognitives, sociales, affectives coupe rapidement le jeune de certaines ouvertures personnelles, scolaires et professionnelles. Il contribue à l’isoler. Ce qui lui est renvoyé lui confère une identité fondée sur l’échec et risque de le repousser vers la marginalité.

Les troubles du comportement :

L’adolescent a beaucoup de difficultés à reconnaître comme sien ce monde interne nouveau qui l’agite et l’effraie. Il sent à l’intérieur de lui des forces contradictoires entre volonté de conquête et désir de retourner vers l’enfance.

L’adolescent est empreint d’un malaise qu’il l’agite mais il n’arrive pas à se le représenter mentalement, il va alors le concrétiser en passant par une représentation qui passera préférentiellement par les actes et le corps.

Les actes qui manifestent les troubles du comportement sont de deux ordres. Ils révèlent de conduites extériorisées, en général agressives vis-à-vis de soi-même ou des autres. Ou à l’inverse prendre une forme passive d’inhibition ou de retrait. Par-là l’adolescent récupère un rôle actif et se protège de la pression qu’exercent sur lui son monde interne avec ses pulsions, et la réalité externe, avec ses exigences et ses contraintes.

Par ces actes manifestes l’adolescent à l’impression de maîtriser la réalité extérieure en mettant en retrait le poids de sa réalité psychique.

Les conduites d’opposition :

Forme la plus fréquente chez l’adolescent, elles traduisent un besoin d’ajustement et de distance relationnelle chez un adolescent en difficulté. Leur caractère répétitif peut devenir un problème surtout quand elles coupent l’adolescent de ses échanges relationnels habituels et qu’elles contribuent à une image négative de l’ado.

Les fugues, les vols, les tentatives de suicide, les troubles du comportement alimentaire :

Ces conduites sont préoccupantes, elles reflètent les difficultés de l’adolescent à gérer des conflits d’évolution et se traduisent par le recours à des modes de réponse négatifs.

Les fugues ne signent pas nécessairement une conduite pathologique mais montrent que l’adolescent n’a pas d’autre moyen pour échapper à ce qu’il ressent comme une contrainte et un étouffement familial, que de fuir à distance au lieu de faire un travail psychique d’élaboration du confit en cause.

Le danger ne réside pas dans a fugue en elle-même dans la plupart des cas elle est rarement grave que dans le fait d’être un préalable à d’autres modes de recours aux troubles du comportement. On retrouve par exemple des antécédents de fugues dans 25 % des tentatives de suicide.

Les vols : fréquents chez les adolescents notamment dans le porte -parental cela relève d’un manque d’autonomie. L’adolescent estime qu’il ne peut obtenir ce qu’il veut qu’au détriment des parents.

Les tentatives de suicide : en augmentation chez les adolescents le risque de récidive elle plus important chez les garçons, Elles traduisent un malaise profond et constituent un mode de réponse particulièrement inadaptée aux difficultés de l’adolescent car elle met sa vie en danger alors que celui-ci n’a pas toujours véritablement envie de mourir. Il est impératif de ne jamais banaliser ce trouble et d’exclure toute forme de chantage qui certes confirme la signification relationnelle du geste suicidaire mais lui confère une connotation manipulatrice péjorative qui ne peut être que blessante pour l’adolescent en suscitant des réactions néfastes de son environnement.

Les troubles du comportement alimentaires : anorexie, boulimie : sont aussi en augmentation et touchent plus les filles que les garçons.

C’est le revers d’une même problématique l’anorexie reflétant la capacité de maîtrise de l’appétit, derrière laquelle se cache toujours la peur de devenir boulimique qui traduit au contraire la perte de cette possibilité de contrôle.

L’anorexie se traduit par une perte de poids rapide et importante, un arrêt des règles et surtout une absence d’inquiétude de l’adolescente et un déni de sa maigreur. Associé à un trouble de l’image du corps, l’adolescente se voit trop grosse quel que soit son poids réel et manifeste à la fois sa peur de grossir et le désir d’être toujours plus mince. Il s’agit beaucoup plus d’une lutte active contre l’appétit que d’une véritable perte d’appétit.

Les patientes souffrant d’anorexie sont de véritables passionnées de nourriture, elles collectionnent les recettes de cuisine, font manger les autres et s’intéresse de façon extrême à tout ce qui a trait à la cuisine.

L’anorexie est facilement détectable par les aspects corporels ce qui n’est pas le cas de la boulimie qui est passée sous silence car elle est ressentie par le sujet comme honteuse ce qui n’est pas le cas de l’anorexique qui elle est fière de sa capacité à ne pas manger.

Les boulimies se réalisent en cachette, souvent à l’insu de la famille, et s’accompagnent de ce qu’on nomme les mesures de contrôle du poids à savoir les vomissements mais aussi la prise de diurétiques ou de laxatifs…

Le trouble est souvent révélé quelques années plus tard… Avec l’étendue des dégâts : crises avec ingurgitation rapide de grandes quantités jusqu’à la douleur physique qui reste souvent le seul moyen d’arrêter la crise suivie de vomissements, et de crises successives jusqu’à l’épuisement de la jeune fille écœurée d’elle-même.

La boulimie s’accompagne souvent de manifestations dépressives, voire de geste suicidaires. Elle provoque souvent des troubles somatiques graves en raison des effets entrainés par les vomissements.

Dans les deux cas, le pronostic vital peut être engagé. Près de 10% des anorexiques meurent de l’affection ou de tentatives de suicide. Ces troubles sont très sérieux et nécessite une prise en charge spécialisée.

L’alcool : Fléau responsable dans de nombreux pays mais aussi en France de manifestations graves et violentes et de prises de risque qui peuvent être mortelles.

Alcoolisme impulsif où l’ivresse est recherchée et dont l’association aux autres troubles du comportement notamment la toxicomanie est un facteur de risque important. L’image sociale de l’alcool fait qu’il est mieux toléré que la drogue alors que ses effets négatifs sont plus importants que ceux de la drogue. Il n’est pas rare d’ailleurs que les parents valorisent la première cuite chez le garçon comme un rite initiatique pour entrer dans le monde des adultes males ;

La toxicomanie : ce qui fait sa gravité se sont les effets délétères des drogues avec l’accoutumance et elles démotivent le sujet et démobilisent les sujets qui ne s’investissent plus que dans ce mode de réponse au détriment de leurs autres intérêts. Les conduites toxicomaniaques sont toujours précédées d’autres manifestations de recherche de stimulant : l’usage abusif de cigarettes et surtout la recherche d’ivresse, avec une graduation dans la prise des drogues de la plus douce à la plus dure…

La prise de drogue ne peut être détachée du contexte de personnalité et du contexte social et familial dans lesquels elle survient. Seul le sevrage ne peut suffire…

Les conduites d’inhibition et de restriction d’activité : difficiles à repérer, elles apparaissent en premier lieu comme l’expression d’un choix volontaire ou la manifestation de goûts personnels : il refuse de sortir car aucun camarade ne lui correspond, ou il n’aime pas telle ou telle activité. … En réalité il fuit les situations de contact et d’exposition, il désinvestit certains ou la totalité des apprentissages scolaires où les situations où le corps est impliqué. La faute est rejetée sur l’extérieur. L’adolescent nie son implication personnelle et l’entourage à tendance à expliquer son comportement par des traits de caractère. On assiste au développement de situations de véritables enfermements à domicile d’adolescents qui se coupent progressivement des contacts à l’extérieur sans manifestation symptomatique particulière, apparemment non déprimés et présentant cet état comme un libre choix de leur part. Il ne pas s’y tromper ; un adolescent qui se replie ainsi sur lui-même, qui se coupe de ses sources d’investissements est toujours en état de grandes difficultés psychologiques… Il est impérieux de ne pas le laisser s’installer dans cet état d’asile à domicile et dont l’issu ne se trouve que dans les manifestations violentes de type suicidaire, prise de drogue ou même agressions directes des parents. Si aucun symptôme ne se manifeste, c’est justement en raison de ce retrait qui le protège de l’angoisse que provoquent en lui la rencontre avec les autres et les exigences de réussite.

Une forme mineure de cette capacité de retrait défensif est ce qu’on a appelé la « bof génération » c’est-à-dire la manifestation à minima d’une absence de désir et de motivation. Ce comportement reproduit en général l’image en miroir inversé d’une avidité particulière de l’adolescent à s’affirmer et à recevoir et en même temps, une extrême sensibilité à la déception et à la désillusion. Celui qui affirme je ne m’intéresse à rien souhaiterait en fait que tout le monde s’intéresse à lui. Il s’agit souvent d’adolescents ayant vécu dans de grandes proximités avec un ou plusieurs membres de leurs familles pendant leur enfance, sous tendues par des liens d’anxiété et souvent des états dépressifs chez l’un des parents. Les enfants n’ont pas pu créer de liens sécurisants ni faire la preuve de leur valeur propre. Ils ont été plus portés par le regard des autres que par l’exercice d’activités propres et de plaisirs personnels.

Ce qui est grave c’est la perte des relations et l’absence d’intérêts. Ces états traduisent une angoisse majeure, mais ils laissent aussi l’adulte plus démuni quand il veut entrer en contact avec l’adolescent ou le motiver à renouer des relations ou des investissements antérieurs. Une prise en charge rapide est importante avant l’enlisement de telles situations.

Les troubles psychiques : L’adolescence et la post-adolescence (autour des 20ans) sont des périodes d’éclosion pour les troubles psychiques les plus inquiétants et particulier ce qu’on appelle les psychoses comme par exemple la schizophrénie où existe une perte de contact avec la réalité. Le diagnostic ne peut être porté à la légère et ne doit être reconnu que lors de manifestations indubitables comme les signes de discordance qui se traduisent par des troubles graves de la pensée, des bizarreries sérieuses du comportement et un écart entre l’expression émotionnelle et le contenu des pensées éventuellement associées à des hallucinations et des propos délirants.

Des épisodes délirants voir hallucinatoires extrêmement saisissants et angoissants pour l’entourage peuvent apparaitre à l’adolescence. Ils présentent un caractère brutal, aigu , s’associant souvent à des troubles de l’humeur , à des manifestations d’’excitation et de dépression. Ils sont souvent transitoires et passagers, ils nécessitent des soins spécifiques mais n’entrave pas nécessairement l’avenir.

L’hystérie de conversion : manifestations somatiques spectaculaires comme la paralysie ou les troubles sensoriels, sans aucune lésion organique et qui peuvent régresser de manière tout aussi brutale qu’ils sont apparus.

Les phobies : peurs liées à des objets, à des êtres vivants, (en général des petits animaux) où à des situations (peur de traverser une place agoraphobie, peur des endroits fermés claustrophobie) et qui généralement cèdent lorsque la personne est accompagnée par quelqu’un en qui elle a confiance. Il faudrait distinguer la phobie normale de la phobie proche de la pathologie dans le fait qu’elle présente un caractère envahissant qui entrave la vie du sujet.

Les obsessions peuvent aussi apparaître à la puberté qui ne peut les chasser de son esprit que par des moyens conjuratoires ou des rituels qui peuvent devenir tout à fait contraignants. Derrière ses manifestations se cachent des états dépressifs dont le traitement peut diminuer considérablement l’ampleur de ses symptômes.

La dépression : trouble particulièrement fréquent à l’adolescence. De la simple morosité (le spleen) aux formes les plus graves des troubles de l’humeur. La plupart des manifestations dépressives à l’adolescence sont passagères et relèvent en particulier de difficultés relationnelles. Une amélioration rapide peut être obtenu par une psychothérapie lorsque l’adolescent trouve un support affectif rassurant qui vient l’aider à gérer les conflits auquel il ne peut faire face tout seul.

Le corps : les changements corporels génèrent pendant un certain temps un sentiment d’étrangeté, son corps semblent être ce qui lui appartient le moins. Celui-ci est le fruit d’union de ses parents. Il s’impose à lui sans que celui-ci n’est le choix ni de sa forme ni de son sexe alors qu’il peut avoir au contraire l’impression de choisir ses pensées et ses valeurs. Le corps qui est le lieu d’expression des ressemblances familiales est volontiers considéré inconsciemment par les adolescents comme le représentant par excellence des parents.

La qualité du lien que l’adolescent entretient avec son corps est en liaison directe avec ses parents. Aussi quand l’adolescent attaque son corps c’est en général une attaque contre le lien parental.

A côté des troubles psychiques figurent les troubles psychosomatiques qui agissent sur le corps (fatigue excessive, maux de tête, spasmophilie, crise tétaniques…)

Toutes les manifestations chez l’adolescent ne sont pas signe de gravité, il faut rester vigilants quant à leur répercussions.

La question de l’aide

Les adolescents formulent rarement une demande d’aide explicite ceci est dû à la difficulté d’appréhender ce qu’il ressent et d’être dans une situation d’attente vis-à-vis de l’adulte.

Le thérapeute de l’adolescent intervient en tant que tiers pour sortir la famille d’une situation d’impasse dans laquelle celle-ci est plongée. Il est important d’éviter cette situation d’enfermement et au contraire favorisée l’ouverture.

Il est préférable de demander une aide même si celle-ci devait s’avérer inutile que de laisser l’adolescent se morfondre dans sa situation. Il manifestera surement son désaccord mais il sera en fait soulagé, malgré ses protestations, de constater que son malaise a été remarqué. L’adulte a le devoir d’aider l’adolescent qui n’arrive pas à faire face aux mutations qu’il est amené à vivre et dont il ressent une profonde détresse.


 


 


 


Date de création : 24/11/2017 . 09:21
Catégorie : Troubles & Comportements - adolescents
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